Critiques

José Antonio Navalón†, Tuxtla Gutiérrez, 2015

“La peinture est un fait touchant, une proposition à la participation qui altère et provoque le spectateur, ému, pour qu’il aboutisse au labyrinthe et accepte l’intention de l’artiste pour se communiquer.

La peinture sert à beaucoup de choses, pour répondre aux attentes, pour découvrir d’autres faces de la réalité, et bien sûr, critiquer, en participant dans la société qui accueille l’artiste, qui doit garder son indépendance, en plus de sa technique, son style, format, matériaux, etc.

Peindre est une activité incroyablement inexplicable.

Pourquoi les artistes peignent-ils... ?

Que prétendent-ils avec leurs messages de couleurs et de lumières ... ?

Où bat cette nécessité irrévocable d’expression... ?

Peindre est une manière de calmer les questions les plus profondes, les peurs les plus obscures, une façon de relativiser l’existence, en s’en approchant, taisant les cris de la vie avec des couleurs et des lignes.

Agnès Druenne est peintre, et hérite, à mon avis, de ce lieu ésotérique, de cette nécessité de peindre pour calmer les égratignures des questions indispensables, et connecte ainsi avec ce magma cosmique, avec ce bouillonnement de l’énergie, avec cet espace quantique où nous nous fondons comme des particules dans l’immense rugissement de l’univers.

Dans son œuvre palpite le mystère, s’y analysent les secrets sur l’existence, sur la Vie, sur la création…

Dans les blancs imprégnés de douleur, dans la couleur suggérée de l’atmosphère, dans les empreintes de lettres à peine lisibles, il y a une magistrale lecture sur nous-mêmes, immergés dans une planète bleue maltraitée, sans savoir où nous allons ni d’où nous venons, dans notre marche en silence, sous un ciel délirant et une nuit interminable.

Dans sa peinture exaltent ses origines européennes quand ses traits Léonardiens d’une excellente qualité chromatique prennent toute leur expression en se vêtant d’une modernité exubérante et que la ligne et le dessin rencontrent un jeu de gouttes de couleurs pour donner de la profondeur qui perdent ainsi le figuratif, transportant l’ensemble à la abstraction. Grâce à sa maitrise du dessin et de la technique de l’aquarelle et la pulsion émotive du papier fait main par elle-même, nous pouvons contempler une œuvre magique, chargée d’émotion, d’une immense beauté »

 

 

Alejandro Rosales-Lugo - Mexique, mai 2019

Ses mains s’articulent et gesticulent, son visage est émotion contenue dans ses mains, Agnès n’est pas une artiste de mots, mais bien gestuelle dans son travail, tellement divers en expressions plastiques. Ses mains sur le fer, la forge de ses sculptures, ses mains qui vibrent avec les enfants aveugles à qui elle enseigne à lire l’art, ses mains qui étendent la couleur, parfois dans la tache, et puis avec une sensualité violente dans ses portraits déjà expressionistes, déjà affiliés à un dessin propres et soigneux.

C’est le miroir de ses mains, fortes, capables d’attrapper le vent et drainer les rivières d’idées et d’expressions qui courent dans ses veines. Sur ses toiles on sent l’improvisation thématique que rassemble la maîtrise de toutes ces années d’action picturale. La diversité thématique ne la rend pas confuse, la diversité la fait voir la realité sous le miroir éclairé de ses mains, ces mains qui s’impriment avec discrétion dans ses portraits.

Agnès Druenne est une artiste née en Belgique, qui est devenue mexicaine par ses fils, ici elle s’est intégrée à une pluralité expressive qui étonne et déverse sa gratitude à notre panorama artistique.

L’art n’est pas progrès, l’art est continuité de l’être, la capacité de se planter dans la terre et d’en récolter ses fruits : l’amour, les choses, les vents, le paysage intérieur que combine l’oeuvre de cette magnifique artiste belge.

Par son empreinte tu les connaitras, remarque le prophète Isaïe. Et par son empreinte nous connaissons l’oeuvre d’Agnès Druenne, comme un miroir de main qui est sa parole, son puit de bonheur, l’oeil qui devine ses pensées.

Ardente, avec un dessin libre; ardente, sans employer toute la chaleur de la couleur, où elle maintient la sobrieté tellurique de ses gris et sepias, de ses couleurs discordentes et ses artifices dans les installations d’une auteur de visions de l’art contemporain.

 

Agnès Druenne, dans la gamme des artistes mexicains, dans le Nord-Est, le Tamaulipas, est une artiste de beaucoup de souffle, comme le feu qui irradie dans son atelier, où elle peint, sculpte et met les mains au feu de la forge pour cristaliser ce miroir qui est dans les mains de son esprit de génialités.

Je lui présage un champ ouvert dans l’art contemporain du Mexique et du monde.